C’est la Méno ? Ou bien c’est l’Hypo ?

Depuis la nuit des temps, la ménopause, cette période de vie particulière, étape de grâce, sacrée pour certaines, est nimbée de mystères, de questionnements, voire de bouleversements. Un chose est sûre, après 40 ans, toutes les femmes s’attendent à voir apparaitre, un jour ou l’autre, les symptômes suivants : seins gonflés, fatigue anormale, prise de poids, humeur changeante, baisse de la libido... autant de signes qui leur indiquent qu’elles sont en train de surfer sur la fameuse vague de la ménopause, expérience où l’équilibre est parfois difficile à trouver. Ce passage, on l’évoquera de milles et une manières selon les cultures, et on en discutera, entre mères et filles, entre femmes, encore longtemps.

Par contre, ce dont on parle moins, c’est que cette étape, caractérisée par une baisse de production des hormones reproductives (oestrogènes et progestérone), peut aussi affecter la fonction thyroïdienne des femmes et les faire souffrir d’un déséquilibre de la glande thyroïde. Dans ce cas il ne s’agit pas d’une pathologie de la glande thyroïde à proprement parlé, mais d’une dysfonction appelée : « hypothyroïdie fonctionnelle ».

Regardons cela de plus près

  • L’arbre qui cache la forêt

    Il s’avère que l’hypothyroïdie et la ménopause présentent des symptômes semblables et souvent confondus. A ceux déjà cités, peuvent aussi s’ajouter dépression et anxiété, chute des cheveux, maux de tête, hypoglycémie, insomnie, yeux secs, peau sèche, ostéoporose, gain en masse adipeuse, ballonnements, crampes, rétention d’eau, irritabilité, accélération du processus de vieillissement...

  • Ce qu’il peut se passer dans le foisonnement des changements du corps

    Entre 35 et 50 ans, la production de progestérone est réduite de 75%, alors que pendant cette même période, les œstrogènes ne déclinent que de 35%. Ainsi, lorsque la ménopause arrive, la production de progestérone est très faible, et n’arrivent plus à équilibrer ou inactiver les effets des œstrogènes encore présents. Phénomène accentué si un stress mal géré empêche aussi les surrénales de prendre la relève pour produire de la progestérone.

>> Conséquence de ce déséquilibre, constatée par expériences cliniques : lorsque les œstrogènes ne sont pas contrebalancés par la progestérone, ils rendent les récepteurs cellulaires à l’hormone thyroïdienne moins réceptifs, de sorte que même si la glande thyroïde produit une quantité normale d’hormones, celles-ci sont rendues inefficaces. C’est alors que les symptômes d’hypothyroïdie fonctionnelle apparaissent.

  •  Pourquoi ne fait-on pas le lien entre « méno » et « hypo » ?

    Une thyroïde hypo-active est un facteur souvent ignoré chez les femmes traitées pour des symptômes attribués à la ménopause. Comme le trouble ne vient pas de la glande thyroïde elle-même mais d’un dysfonctionnement dû à une cause extérieure (les interactions hormonales), les tests hormonaux peuvent, en effet, être considérés comme normaux et donc potentiellement trompeurs. Souvent, même les praticiens de santé ne font pas forcément le lien entre ménopause et hypothyroïdie disfonctionelle. En effet, la démarche classique consiste à regarder, dans votre analyse sanguine, si votre taux de TSH est élevé.  Cette hormone, sécrétée par votre hypophyse est celle qui stimule votre thyroïde pour qu’elle sécrète 2 hormones indispensables à votre corps appelées T4 et T3 (celle-ci étant la plus utile pour nos cellules). Or la notion de taux normal de TSH (dont les limites sont souvent trop larges) peut fausser l’analyse et, certains médecins ont constaté que la TSH, dans des valeurs de référence même ”normales”, n’exclut pas une hypothyroïdie. Pour eux le test de la T3 libre (c’est-à-dire active dans le corps) serait le plus utile et à leurs yeux, une T3 libre basse dans les valeurs de référence, avec une soi-disant TSH “normale”, serait un argument de poids pour statuer d’une hypothyroïdie fonctionnelle.

>> Ainsi, le Dr George Gillson, directeur médical du laboratoire RMA à Calgary, donne la description suivante : "L’hypothyroïdie fonctionnelle est un problème très commun qui affecte des milliers de femmes au Canada. Typiquement, les tests de la thyroïde sont normaux, mais tous les symptômes d’un ralentissement de la glande, ou hypothyroïdie, sont présents." Beaucoup de femmes pré-ménopausées, ménopausées ou post-ménopausées, présentant des signes cliniques d’hypothyroïdie, comme une fatigue, un manque d’énergie ou une intolérance au froid, souffrent donc en réalité d’une dominance en œstrogènes méconnue.

  • Les chiffres

    • Il est estimé que vers l'âge de 50 ans, une femme sur dix ou sur douze a, à des degrés divers, une hypothyroïdie fonctionnelle.

    • Vers l'âge de 60 ans, il s'agit d'une femme sur cinq ou six.

  •  Et les conséquences de cette hypothyroïdie fonctionnelle sont parfois de poids !

    Si malgré les tentatives de diète ou d’exercice physique, le poids a tendance a augmenté dans cette période particulière de vie, voici comment cela peut s’expliquer. Sous l'influence des œstrogènes, les calories alimentaires sont emmagasinées dans le corps sous forme de graisses. Normalement les hormones thyroïdiennes, en fonctionnement normal, transforment ces calories contenues dans les graisses en énergie utilisable. Or la dominance en œstrogènes, en affectant les récepteurs thyroïdiens, va mettre à mal cet équilibre et être responsable d’une prise de poids par accumulation de graisses autour des hanches, des cuisses et à la partie basse l'abdomen. Dans ce cas, un traitement par la progestérone naturelle peut avoir un impact sur la prise de poids, en équilibrant la dominance oestrogène et en reboostant la fonction des récepteurs thyroïdiens.

  • Comment supporter sa thyroïde naturellement ?

    Avant que des symptômes sévères s’installent, il est possible de soutenir naturellement sa glande thyroïde :

  1. Les vitamines et minéraux indispensables au bon fonctionnement des hormones thyroïdienne T3 et T4 :

    > La vitamine A et le zinc  améliorent la liaison de la T3 dans vos cellules.

    > L’iode : si vous n’avez pas suffisamment d’iode, votre thyroïde n’aura pas l’ingrédient de base pour produire les hormones thyroïdiennes clé T3 et T4. Puisque votre corps ne produit pas d’iode, vous devez l’obtenir dans votre alimentation (algues, coquillages et crustacés, poisson d’eau de mer)

    > Le magnésium : essentiel au maintien de l’équilibre hormonal

    > Le sélénium : nécessaire à la conversion de T4 en T3, il joue aussi plusieurs rôles dans la santé de la thyroïde

  2. Les plantes amies :

    > Le Bacopa monnieri  : il a des propriétés qui stimulent directement la thyroïde et qui peuvent aussi traiter la confusion et les troubles de mémoire susceptibles de survenir lors d’un déséquilibre de la thyroïde.

    > Le Houblon : il améliore l’assimilation de l’iode dans la glande thyroïde et facilite le fonctionnement des récepteurs hormonaux, aidant les hormones thyroïdiennes à pénétrer dans les cellules. Il contient aussi du xanthohumol, composé qui aide à maintenir des taux de cholestérol et de glucose sanguins normaux.

    > La Sauge : elle contient de l’acide carnosique, qui améliore l’activité de l’hormone active T3

    > L’Ashwagandha : c’est une plante adaptogène, largement utilisée pour ses propriétés neuro-protectives, anti-stress et calmantes. Les recherches indiquent qu’elle agit directement sur la thyroïde pour supporter la production des hormones thyroïdiennes.

    > Le Coleus forskohlii : elle contient le composé phytochimique forskoline, dont l’effet favorable sur la dépression, le système immunitaire et le poids ont été l’objet de recherches. Il imite aussi l’effet de la TSH pour aider à augmenter naturellement le niveau d’énergie et pour supporter la fonction thyroïdienne.

    > Le Guggul (Commiphora mukul) : des études suggèrent que la gomme Guggul peut améliorer les ratios T3/T4, augmenter l’assimilation de l’iode dans la thyroïde, et stimuler la fonction thyroïdienne.

    > L’Achyranthes aspera (famille de l’Amaranthe) : des recherches indiquent qu’il peut améliorer la fonction des hormones thyroïdiennes et possiblement aider à éliminer les radicaux libres qui causent des dommages à la thyroïde.

De manière générale, une meilleure hygiène de vie, favorisant les fruits et légumes frais, biologiques et de saison, les bonnes sources de graisse oméga 3, une pratique sportive régulière et des activités anti-stress aideront à rééquilibrer vos taux d’hormones.

  • Et pour aller plus loin

Si vos symptômes vous font penser à une hypothyroïdie, et que, de plus, vous êtes déjà sous traitement oestroprogestatif pour votre pré-ménopause ou ménopause, ou que vous êtes encore sous pilule contraceptive, prenez l’avis d’un médecin expérimenté et faites évaluer votre glande thyroïde de façon approfondie.

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