CBD, C’est Bon Doudou ?!

Découvert en 1963, c’est depuis 2018 que le CBD est devenu très tendance. Décortiquons ces 3 petites lettres, qui semblent riches de possibles, sur différents plans : botanique, santé, législation, commercialisation.

 

1 / Parlons peu, parlons plante

Dans nos hallucinations les plus fréquentes, le chanvre, le cannabis, la marijuana, le haschich, se mélangent dans un univers psychédélique assez confus...

Côté botanique, le point commun est une même espèce de plantes, Cannabis Sativa L., de la famille des Cannabinacées. Le mot chanvre est d’ailleurs dérivé du latin cannabis.

Celle-ci contient des composés aux multiples effets : les cannabinoïdes. Parmi plus de 200 de ces composés qu’elle contient, 2 d’entre eux sont sous le feux des projecteurs :

·      Le premier, le THC, ou tétrahydrocannabinol est un stupéfiant, apprécié par les amateurs d’expériences sensorielles, car il suffit de quelques doses pour constater les effets sur le cerveau. C’est cette substance qui fait entrer la plante dans le domaine de l’illégalité car elle peut mener à la dépendance et avoir des effets graves sur la santé. Concernant ce composé c’est lui qui détermine la classification en 2 catégories de la plante :

o   Si la teneur en THC d’un plan de cannabis est faible (moins de 0,2%), il est classifié en chanvre (ou chanvre industriel) 

o   Si la teneur est plus élevée on parle de cannabis (ou chanvre récréatif)

·      Le deuxième, le CDB, ou cannabidiol, est un principe actif non psychotrope, c’est-à-dire qu’il ne modifie pas les capacités mentales et physiques des consommateurs.

 

2/Parlons effets sur la santé

C’est à l’occasion de recherches sur la molécule THC que l’on a découvert, à côté du système nerveux et immunitaire, un système qui a un rôle crucial dans le maintien des différents équilibres du corps : le système endocannabinoïde.  Ce système est composé de récepteurs (vous entendrez parler des récepteurs CB1 et CB2), permettant d’accueillir les cannabinoïdes :

  • non seulement ceux extérieurs au corps, comme justement le THC ou le CBD (phytocannabinoïdes)

  • mais aussi ceux fabriquées par le corps lui-même (endocannabinoïdes). Produits à la demande et de façon transitoire, suite à un stimulus comme le stress par exemple, ces molécules (comme l’anandamine ou le 2-AG), sont des composés lipidiques, considérés comme des neurotransmetteurs.

Les récepteurs cannabinoïdes étant présents sur presque toutes les cellules du corps, on comprend mieux pourquoi le THC et le CBD ont d’innombrables effets très recherchés. Leur consommation entraîne un soulagement dans des conditions aussi variées que le glaucome, les maladies neurodégénératives, la douleur, le contrôle moteur et les troubles de l’humeur.

Toutefois, bien que le CBD et le THC soient deux molécules, ayant une structure moléculaire similaire, elles ont des effets différents car elles ne se lient pas de la même manière aux récepteurs dans notre corps :

. On pourrait qualifier le THC de plus « agressif » car il se lie directement au récepteur CB1, favorisant ainsi l’effet psychotrope.

Techniquement, le THC libère de la dopamine : un neurotransmetteur qui régule l’humeur, le cycle veille / sommeil, les niveaux d’attention et d’autres aspects comportementaux, et favorisant le sentiment d’euphorie et de joie. Ses effets sont reconnus sur les problèmes neurologiques : dépression, trouble de l’attention ...mais aussi sur la douleur et l’inflammation (sclérose en plaque notamment).

Par contre il peut entraîner des effets secondaires néfastes : anxiété, crise de panique, psychose, désorientation/confusion, augmentation de l’appétit, difficultés de contrôle moteur et perte de mémoire à court terme.

·      Le CBD lui ne se lie pas directement au récepteur et ne provoque pas d’effet d’euphorie. Il est plutôt relaxant et n’entraîne pas ces effets secondaires. Tout d’abord reconnu pour ses résultats bénéfiques en cas d’épilepsie, il présente à priori de nombreux avantages :

. soulage la douleur

. abaisse la glycémie

. réduit les convulsions, crampes, vomissements, nausées

. anti-inflammatoire

. réduit les risques d’AVC

. atténue l’anxiété

. favorise la croissance osseuse

. stimule le système immunitaire

. protège le système nerveux

Notons toutefois que la plupart des domaines de recherche concernant les cannabinoïdes sont encore à un stade préliminaire et que les effets des différentes molécules sont encore à l’étude. Ceci explique le flou actuel de la législation.

 

3/ Parlons ambiguïté juridique

Quand il s’agit de comprendre, rien qu’en Europe, la législation autour du THC et du CBD, on pourrait dire que l’on hallucine tellement les autorisations et interdits sont compliqués à comprendre.

Essayons d’y voir plus clair :

·      1ère subtilité : les taux de THC autorisé, en distinguant, d’une part, la plante (production)...et, d’autre part, le produit fini CBD (commercialisation) !

  • côté production des plants de chanvre

o   En France, la teneur en THC dans les plants de chanvre ne doit pas dépasser 0,2% et ils doivent par ailleurs faire partie d’une liste légale autorisée. D’autre part, l’utilisation industrielle et commerciale de la fleur, est strictement interdite. Il n’est donc pas légalement pas possible d’extraire du CBD de la fleur, son extraction étant possible seulement par la tige ou par ses graines, qui en contiennent des quantités infinitésimales.

o   La législation européenne, par contre, autorise l’extraction à partir de la fleur de chanvre, le taux de THC du plant de chanvre ne pouvant toujours pas dépasser 0,2 %

Notez toutefois qu’une nouvelle règlementation à l’échelon européen se profile pour 2023

  • Côté commercialisation des produits finis CBD

o   En France, les produits contenant du CBD peuvent être commercialisés et utilisés MAIS la présence de THC dans ces produits finis, quel que soit son taux, est interdit.

o   En Suisse, par contre, le CBD avec une teneur en THC inférieure à 1% est légal ce qui explique que beaucoup de produits CBD sur le marché soient d’origine suisse !

·      2ème subtilité : les différents termes utilisés et leur législation correspondante en France

  • CBD cristal : c’est le CBD sous sa forme moléculaire la plus pure. Par définition les produits finis comprenant du CBD cristal sont autorisés puisqu’ils ne comporteront aucune trace de THC

  • CBD broad spectrum ou à spectre large : c’est un extrait de CBD comprenant des terpènes, du CBD, mais également d’autres cannabinoïdes comme le CBG, le CBN, mais dénué de traces de THC ! Les produits finis comportant du CBD Broad Spectrum sont donc autorisés.

  • CBD full spectrum ou à spectre complet : c’est un extrait de CBD comprenant des terpènes et l’ensemble des cannabinoïdes présents dans la matière végétale initiale. Les produits finis comportant du CBD Full Spectrum sont donc interdits.

·      3ème subtilité : le taux de CBD annoncé

Il est important de comprendre que les taux de CBD et THC sont évidemment étroitement liés dans la plante : plus celle-ci contient de THC et plus elle contiendra de CBD avec un ratio, dans le meilleur des cas de 1/25. Autrement dit, quand le cannabis contient 0,2 % de THC, soit la limite légale autorisée, la teneur en CBD devrait donc être de 5 % maximum.

Pourquoi trouve-ton alors sur le marché des fleurs de CBD affichant des taux de CBD de 10 à 20 % e et seulement 0,2% de THC ? Et bien comme trop souvent, ON TRICHE  ET ON OPÉRE DES MODIFICATIONS CHIMIQUES SUR LA PLANTE !

Le jeu consiste à utiliser, non pas de simple souches naturelles de chanvre industriel mais des croisements de plants permettant d’augmenter les taux de CBD tout en diminuant le taux de THC. Deux principales techniques existent :

. Traitements par bains de solvant

Les fleurs sont trempées dans des bains de buthane ou de CO2, afin de pouvoir via séparation moléculaire destituer la fleurs d’une partie de son THC. Cependant, cette opération provoque des dommages sur les différents composants de la fleur : cannabinoïde, terpènes et flavonoïdes. Cela peut amener à retrouver des fleurs plutôt fades et vides de gouts. Pour pallier à cela, et hop encore une transformation ! On met en place un système de reterpénisation, en plaçant les fleurs sur des plateaux terpénisés, ou simplement en vaporisant des terpènes reconstitués sur ces dernières. Et là, magie ! on se retrouve avec des fleurs de CBD qui sentent bon, qui ont du goût, et qui affichent des taux convenables.

. Ajout de cristal de CBD

4/ Parlons des principales formes commercialisées

·      Les e-liquides au CBD destinés à la cigarette électronique sont un mélange d’une base de propylène glycol et de glycérine végétale avec du CBD sous forme de cristaux ainsi que des arômes ou terpènes.

·      Les huiles, gélules, baumes, spray de CBD

  • Les huiles de CBD, appelées aussi huile de chanvre, sont vendues depuis des années dans les parapharmacies. Elles sont utilisées en tant que complément alimentaire, avec quelques gouttes versées sous la langue. Elles peuvent être également cuisinées dans le cadre d'un régime alimentaire, avec des pâtes par exemple.

  • Les gélules de CBD également proposées en parapharmacie, permettent de combattre la fatigue et les douleurs, même si en cas de douleur prolongée, la surveillance médicale est obligatoire. Il s'agit davantage d'un complément alimentaire énergisant.

  • Les crèmes et baumes de CBD sont pratiques en cas de douleur localisée. Ils sont souvent associés à d'autres composants naturels, tels que l'huile d'olive, l'huile de lavande ou l'huile de menthe poivrée.

  • Il existe aussi des boissons et bonbons

Pour terminer, n’oubliez pas : quelles que soient les raisons de santé qui vous poussent à vous intéresser à la molécule CBD, demandez conseil pour utilisation et dosage à un professionnel de la santé.

 

Sources principales :

https://www.sciencesetavenir.fr

https://www.kalapa-clinic.com/fr/

https://www.lanutrition.fr/

https://www.hexagonevert.fr/

 

 

 

 

 

 

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