Le yin yang, boomerang ou big bang ?

La rencontre avec le Yin et le Yang peut parfois se faire sur un malentendu et provoquer un malaise... Nous constatons en effet que des raccourcis associent fréquemment :

  • le jour, le feu, l’énergie, le masculin au Yang

  • la nuit, le froid, le passif, le féminin au Yin

Ces deux forces, si souvent élogieusement citées, seraient-elles sexistes ?

Bien évidemment non, heureusement ! Le Yin Yang est un concept délicat, subtile, difficile à manier. Or, il arrive très souvent que des genres soient attribués à Yin et à Yang alors que cela pervertit totalement la pensée chinoise ! C’est Cyrille Javary, sinologue, écrivain, conférencier et formateur, qui nous remet les pendules à l’heure et nous explique très bien comment ce principe permet en réalité de mettre fin aux hiérarchies entre hommes et femmes. Citons-le : « C’est la dynastie Han qui a perverti le système Yin Yang en lui associant des notions de masculin et féminin qui lui sont à l’origine totalement étrangères. » Pour une raison qui malheureusement est apparue dans beaucoup de cultures, le souhait de séparer les rôles entre hommes et femmes et d’établir une hiérarchie... favorable aux hommes…

 Cyrille Javary nous rappelle ainsi les fondamentaux :

  • « Yin et Yang ne sont ni des attributs, ni des sexes. Ce sont des stratégies, des manières d’agir, des vecteurs du changement. Les figer en faisant des qualités ou des états, c’est oublier le mouvement d‘oscillation constant qui les définit. Yin n’est pas le froid, mais le refroidissement automnal, yang n’est pas le chaud, mais le réchauffement printanier. Pour bien comprendre le yin et le Yang il faut employer des verbes d’actions et pas des noms, ni des adjectifs. Yin est ce qui stabilise et ce qui nourrit, Yang ce qui dynamise et pousse à changer. Yin, ce qui défend, Yang ce qui attaque. Yin ce qui mène à terme, Yang ce qui enclenche. Yin, ce qui intériorise, Yang ce qui extériorise »

  • « Le système Yin Yang nous rappelle ainsi que toute situation a toujours 2 aspects, qui ne sont ni contradictoires, ni opposés : Yin marque par exemple un début d’orage, Yang sa fin. »

Or, combien de fois avons-nous lu : « le yin est le principe de l’ombre, du froid, de la féminité, il invite au repli voire à la passivité et le yang est le principe de la chaleur, de la lumière de la masculinité, il invite à l’activité au déploiement des énergies ». Une fois que l’on a résumé ce seul mot Yin Yang comme cela, toutes les interprétations deviennent faciles et réductrices. Fake news, théorie du complot ? Haha, presque ! ;)

Bien au contraire, notamment dans la relation sexuelle, Cyril Javary nous livre une vision plus intéressante, nous permettant de repenser le féminin et le masculin : « Yin Yang permet de sortir d’une perspective où l’homme donne activement et la femme reçoit passivement. Désirer faire l’amour n’est ni donner ni recevoir, c’est un passage du sec à l’humide pour la femme, et du mou au dur pour l’homme. La perspective Yin Yang permet de sortir de l’universelle et aberrante dévalorisation du féminin ». Wahouh, cela fait du bien de s’apercevoir que, en dehors des cases du genre et des modèles féminins ou masculins, c’est plutôt l’écoute de ces élans, dans une quête d’harmonie, toujours en perpétuelle évolution, qui est importante.

 Fini le Yin Yang boomerang qui ramène les notions de genre toujours à la case départ du sexisme et bienvenue au Yin Yang big bang qui nous rend notre liberté d’action et de pensée transgenre pour trouver l’harmonie.