Quand le doute « Maasaï »...

Comme nos pieds ne peuvent bouger bien loin, en cette ère de confinement, nous invitons vos esprits à partir en Tanzanie chez les Maasaï. Le titre d’un article lu récemment à leur sujet nous a interpellé « cultiver le jardin intérieur pour qu’il croisse à l’extérieur (Yggdrasil – N°6 – oct.nov.dec 2020). Cet article nous parle de la philosophie de cette tribu « racine », connue bizarrement pour ses guerriers, associée à tort à un contexte à priori peu humaniste alors que fondamentalement, elle invite chacun à rester relié aux autres et à l’univers. En effet le nom « Massaï vient du mot « ilmao » qui signifie « jumeaux ». Ne pense-t-on pas à une autre culture où cette « dualité » est présente ? Chez les Maasaï, comme chez les Taoïstes avec le yin et le yang, les contraires ne sont pas opposés ni contradictoires mais bien les 2 aspects reliés et complémentaires de toute chose. Cela revient à cette notion d’équilibre qui nous est si chère car, pour les Maasaï « dans toutes les émotions traversées, positives comme négatives, il s’agit d’apprendre à faire la navette entre les extrêmes pour retrouver le point d’équilibre. » C’est un aspect intéressant de leur culture qui permet de s’interroger, même si d’autres aspects (excision, place de la femme...) pourrait faire l’objet d’autres débats, peut-être plus complexes. Mais ce n’est pas le sujet pour le moment, revenons à la notion d’équilibre.

En cette année 2020 très marquée, en effet, par des extrêmes omniprésents et un sentiment de déséquilibre permanent (élection américaine, terrorisme, vérité sanitaire contre vérité économique, climat vs consommation...), et si nous profitions de nos temps suspendus pour nous interroger sur les sagesses venues d’ailleurs et essayer de modifier nos points de vue. Notre « infobésité », le fait que nous soyons submergés d’informations, ballotés sans cesse, comme une barque sur une mer démontée, entre des avis autant péremptoires que contradictoires, met souvent à mal nos esprits et humeurs. Ce que les Maasaï nous proposent c’est de prendre le temps de remettre de l’ordre dans notre chao intérieur, pour ne pas en rajouter sur le chao extérieur.

« Parce que l’extérieur reflète ton intérieur et réciproquement ». Il ne s’agit pas de se recentrer sur soi en ressassant les mauvaises nouvelles mais de faire intervenir un facteur clé : la joie.

Pour les Maasaï, la joie n’est pas un but mais un point de départ. Ils ont d’ailleurs l’habitude de « coincer » une mauvaise nouvelle entre 2 bonnes ! Sans tomber dans la niaiserie de « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » pourquoi en effet ne pas chercher des moments de joie simples et à portée de main ?

Jouer avec ses enfants, admirer le clair de lune, rire des blagues de ses amis, savourer un nouveau plat... Autant de plaisirs quotidiens, en transformant notre comportement intérieur, pourraient avoir la force de transformer l’harmonie extérieure et ainsi modifier les vibrations émises vers les autres. Les Massaïs, confrontés depuis des années à de multiples problèmes, pollution, vol de leur terre, tourisme agressif...et, comme nous, touchés par le Covid 19, semblent faire preuve d’une grande résilience. Même si, ne soyons pas naïfs, beaucoup d’entre eux ont troqué leurs outils ancestraux contre des téléphones portables, leur art de vivre, basé sur les notions de partage et de joie, d’unité et d’équilibre, d’authenticité et de symbiose avec l’écosystème, leur donne un atout majeur dont il n’est pas inutile de s’inspirer en ces temps troublés.

Pour aller à la rencontre de la philosophie Maasaï, le site d’un anthropologue, expert des peuples premiers :www.xavierperon.com